Leçon n°71 : Revenir avec panache !

Je n’avais rien demandé mais j’y étais. À cet endroit qu’on appelait sa place. Comme un vent de bonheur, une vague de bonne humeur, un truc indéfinissable qui te bouleversait le cœur. J’avais tout quitté. J’étais devenu celle que je voulais être, quand j’étais petite, les couettes sur la tête, les crottes dans le nez et les deux trois poils sur le pubis.

J’avais décidé de me jeter à l’eau et de réaliser mon rêve. Vous savez, celui qui vous traverse l’esprit 453 fois dans la journée, celui qui ne te quitte que quand tu as un orgasme, et encore faut-il qu’il ne soit pas simulé.

 

 

J’étais montée sur scène et on m’avait applaudie. J’étais montée sur scène et le public m’avait fait une ovation. Il est vrai que je n’étais pas seule. Il y avait aussi Véronique, Lucile, Agathe et Damien. Mais le public s’était levé et c’était pour moi. Je n’en ai eu aucun doute !

Surtout lorsque j’ai vu les yeux de ce petit morveux au troisième rang à gauche. Vous l’auriez vu. Avec ses gros globes oculaires qui ne me quittaient pas, ses petites mains moites qui tapaient ses genoux à chacune de mes répliques et ses pieds qui ne cessaient de frapper le sol au rythme de mes paroles. C’est ce petit goss, 4eme siège, 3eme rang, un peu dans le noir, à côté de son papa, qui avait changé ma vie. Il l’a rendu meilleur. Méfiez-vous des enfants, ils peuvent faire de votre vie un rêve.

 

 

Ce soir là, ce mardi 23, je parlais pour la première fois devant un public. J’essayais d’être un peu plus belle que Véronique, un peu plus drôle que Lucile, un peu plus sexy qu’Agathe et un peu plus juste que Damien. J’essayais d’être la meilleure. J’étais la meilleure. Même si je restais la meilleure des moins bonnes.
La scène était à moi, nous n’étions qu’une.

 

Et lorsque le rideau tomba, lorsque la pièce était enfin terminée et que ce petit garçon hurla mon prénom en m’apportant une rose, je compris enfin. Je compris que c’était ce que j’avais toujours voulu. C’était ma vie. Ma nouvelle vie.

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